Un dysfonctionnement intestinal à l’origine de la maladie de Parkinson ?

Porteur du projet : Pascal DERKINDEREN – Neuropathies du système nerveux entérique et pathologies digestives (Unité TENS, Nantes)

Titre du projet : La barrière épithéliale intestinale à l’origine de la maladie de Parkinson ?

Le projet est soutenu par l’Association France Parkinson et l’Association AMADYS. L’expertise scientifique a été assurée par le Conseil Scientifique de la FRC.

Montant : 66 000 €

 

Descriptif du projet :

Au-delà des problèmes de mouvement (lenteur, rigidité et tremblement), la maladie de Parkinson est caractérisée par de nombreux symptômes dits « non moteurs », tels que des chutes de tension artérielle au lever, une constipation importante, des difficultés de sommeil, des hallucinations ou encore des problèmes de raisonnement ou de mémoire. Ils participent à la gravité de la maladie et certains symptômes peuvent même précéder son apparition, comme la constipation ou les troubles du sommeil. Si le handicap moteur est lié à l’atteinte d’un petit groupe de neurones localisé dans les profondeurs du cerveau, les signes non moteurs résultent d’une diffusion plus large de la maladie dans d’autres zones du cerveau et même en dehors de celui-ci avec une atteinte de la peau, des glandes salivaires et du tube digestif.

Notre tube digestif contient en effet plus de 200 millions de neurones qui présentent les mêmes anomalies que celles observées dans le cerveau au cours de la maladie de Parkinson. Certains travaux suggèrent que le tube digestif serait impliqué dans le développement et la progression de la maladie. L’intestin des patients parkinsoniens serait plus poreux que celui des personnes indemnes de la maladie et cette porosité permettrait le passage des substances potentiellement toxiques, participant ainsi à la diffusion et à l’aggravation de la maladie. Toutefois, les travaux sur la perméabilité digestive dans la maladie de Parkinson ne sont que préliminaires et leurs résultats sont contradictoires. Ceci s’explique en grande partie par le fait que la technique utilisée (absorption différentielle de sucres) n’est pas assez précise et a de nombreuses limitations.

L’équipe propose donc dans ce projet de mesurer la perméabilité digestive à partir de biopsies digestives afin de déterminer si un dysfonctionnement de la barrière existe chez ces patients. Les chercheurs utiliseront deux approches complémentaires. En premier lieu, les biopsies seront analysées dans un bloc permettant d’évaluer le passage d’un marqueur fluorescent (chambres d’Ussing), une technique classique mais validée de mesure de la perméabilité digestive. En parallèle, les chercheurs développeront une approche nouvelle et originale pour mesurer la perméabilité digestive en créant des entéroïdes (mini-intestins) à partir des biopsies coliques de 8 patients parkinsoniens, 8 sujets avec un trouble du comportement en sommeil paradoxal (forme précoce prémotrice de la maladie) et 8 témoins appariés en âge.

Cette étude pilote permettra d’apporter des arguments en faveur ou en défaveur de l’origine digestive de la maladie de Parkinson.

 

Photographie des chercheurs de l’Unité de Recherche TENS

 

Deux équipes seront impliquées dans ce projet, l’équipe du Pr. Pascal Derkinderen spécialiste du système nerveux entérique dans la maladie de Parkinson, et l’équipe du Dr. Maxime Mahé de la même unité de recherche, qui s’intéresse particulièrement au système nerveux entérique dans les maladies neurodéveloppementales et qui apportera son expertise pour la génération des organoïdes.

 

Témoignage de Pascal Derkinderen, porteur du projet :

« Sans ce financement, les expériences sur les entéroïdes n’auraient pas pu être mises en place, or nous pensons que développer ces ‘mini-intestins’ est une opportunité pour mieux comprendre le rôle du tube digestif dans la maladie de Parkinson. Mon rêve pour les années à venir est de voir émerger un traitement qui permette de modifier l’évolution des maladies neurodégénératives ».

 

Crédit photo: © INSERM

PROJET CO-FINANCÉ PAR L’ASSOCIATION FRANCE PARKINSON

La FRC et ses membres lancent chaque année leur Appel à Projets en recherche sur une thématique donnée en relation avec les pathologies neurologiques et psychiatriques.

C’est dans ce cadre que l’association France Parkinson, membre fondateur de la FRC, s’est positionnée pour soutenir ce projet de recherche sélectionné par le Conseil Scientifique de la FRC, et qui pourrait avoir des conséquences intéressantes et innovantes pour enrichir l’arsenal thérapeutique contre la maladie de Parkinson.

PROJET CO-FINANCÉ PAR L’ASSOCIATION AMADYS

Dans ce même cadre, l’association AMADYS s’est positionnée pour soutenir ce projet de recherche sélectionné par le Conseil Scientifique de la FRC, qui pourrait avoir des conséquences intéressantes pour mieux comprendre la dystonie et trouver de nouvelles pistes thérapeutiques.

Pascal Derkinderen est neurologue, professeur des universités/praticien hospitalier (PU-PH) à la Faculté de médecine et au CHU de Nantes. Il s’est spécialisé depuis une vingtaine d’année dans la maladie de Parkinson. Outre la prise en charge clinique des personnes atteintes d’une maladie de Parkinson ou d’un syndrome apparenté, il s’intéresse en recherche au rôle potentiel du tube digestif dans cette maladie. Son équipe a été la première à montrer qu’il était possible de détecter les lésions caractéristiques de la maladie de Parkinson à partir d’une simple biopsie du côlon réalisée en routine. L’équipe poursuit ce travail en utilisant les biopsies digestives pour mieux comprendre le rôle de l’intestin et pour développer des marqueurs de la maladie.

LE CENTRE DE RECHERCHE

Ce projet est mené par une équipe de l’Unité de Recherche « Neuropathies du système nerveux entérique et pathologies digestives » (TENS), à Nantes.

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