Maladies neurologiques et psychiatriques : une base génétique commune révélée

Des chercheurs de l’Université d’Oslo viennent de publier dans Nature, une étude majeure qui bouscule la frontière traditionnelle entre neurologie et psychiatrie. En analysant des données génétiques provenant de près d’un million de personnes, ils montrent que de nombreuses maladies du cerveau partagent des facteurs de risque génétiques communs, bien plus souvent qu’on ne le pensait.

 

Etudier l’ADN pour comprendre les liens

Pour explorer ces liens, les scientifiques ont analysé de façon approfondie des données provenant d’analyses génétiques à très grande échelle (aussi appelées études d’association pangénomique, genome-wide association studies, ou GWAS), qui permettent de repérer dans l’ADN les variants génétiques, de petites différences d’ADN entre individus, pouvant influencer le risque de maladie. Ils ont comparé la signature génétique de plus d’un millions de patients atteints de 10 maladies neurologiques (comme la migraine, l’épilepsie, l’AVC ou Alzheimer) et 10 troubles psychiatriques (schizophrénie, dépression, troubles bipolaire…).

 

Des mêmes facteurs génétiques qui agissent sur plusieurs maladies

Les résultats révèlent une pléiotropie importante. Autrement dit, de nombreux variants génétiques contribuent à la fois au risque de maladies neurologiques et psychiatriques, même lorsque les deux catégories ne semblent pas présenter de lien génétique global.

Cette découverte suggère que plusieurs troubles du cerveau pourraient partiellement se développer à partir d’une biologie commune.

Toutefois, si des ponts génétiques existent, chaque maladie conserve néanmoins une identité biologique propre. Les chercheurs montrent par exemple que :

  • le risque génétique d’AVC est lié à des mécanismes impliqués dans la thrombose (formation de caillots) ;
  • celui de l’épilepsie se rattache directement à des processus affectant les neurones ;
  • les risques génétiques de la maladie d’Alzheimer et de la sclérose en plaques sont associés au système immunitaire ;
  • les troubles psychiatriques, eux, pointent de manière constante vers des mécanismes impliquant les neurones.

 

Vers une approche plus intégrée des troubles du cerveau

Pour les auteurs, ces découvertes font écho à la réalité clinique : les symptômes neurologiques et psychiatriques se chevauchent souvent chez les patients.
Selon le professeur Ole Andreassen, premier auteur de la publication, ces découvertes « soutiennent une vision plus unifiée des troubles du cerveau », encourageant des stratégies de soin plus transversales et personnalisées.

Cette étude pourrait ainsi influencer : la classification des maladies, la médecine de précision, et les pratiques cliniques rapprochant neurologie et psychiatrie.

Cette recherche ouvre une nouvelle perspective : comprendre les maladies du cerveau non plus comme des entités isolées, mais comme différentes expressions d’une biologie partagée.

 

Sources :

  • News Medical Life Sciences, Shared genetic roots connect neurological and psychiatric disorders, nov 2025
  • Smeland, O.B., Kutrolli, G., Bahrami, S. et al.A genome-wide analysis of the shared genetic risk architecture of complex neurological and psychiatric disorders. Nat Neurosci (2025). https://doi.org/10.1038/s41593-025-02090-2

Les recherches soutenues par la Fondation sont transversales

La Fondation encourage cette approche transversale en recherche. Il s’agit du caractère distinctif dans toutes les recherches soutenues. Par ailleurs, c’est dans ce cadre qu’elle a lancé, entre 2023 et 2025, des appels à projets visant à explorer les points communs entre les maladies du cerveau.

> En savoir plus

Génétique commune vs. biologie différente : comment est-ce possible ?

Même si deux maladies du cerveau peuvent partager des variants génétiques (petites différences dans l’ADN), elles n’activent pas forcément les mêmes mécanismes biologiques.

  • Génétique commune = même point de départ : certains variants augmentent le risque de plusieurs maladies à la fois, c’est un « terrain génétique partagé ».
  • Biologie différente = chemins qui divergent : à partir de ces variants, les mécanismes biologiques activés peuvent varier. Par exemple, un variant génétique peut augmenter la sensibilité des neurones, ce qui favorise l’épilepsie ou un trouble psychiatrique. Le même variant, dans un autre contexte biologique, peut influencer le fonctionnement du système immunitaire, associé à la sclérose en plaques ou la maladie d’Alzheimer par exemple.

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