Mieux comprendre les désordres émotionnels dans les troubles psychiatriques

Porteur du projet : Valérie DOYERE – Institut des Neurosciences Paris-Saclay (NeuroPsi, Saclay)

Titre du projet : Modulation de l’activité mTOR dans l’amygdale pendant l’enfance : un facteur clef dans le développement des désordres anxieux et de la sensibilité aux événements stressants pendant l’adolescence

Le projet est conjointement soutenu par l’UNAFAM et la Fondation pour la Recherche sur le Cerveau. L’expertise scientifique a été assurée par le Conseil Scientifique de la Fondation.

Montant du projet financé sur l’appel à projets FRC 2024 :  80 000 €

 

« Nous tenons à remercier l’Unafam et la Fondation pour la Recherche sur le Cerveau d’avoir soutenu notre projet. Grâce à leur soutien, nous espérons pouvoir apporter des éléments nouveaux permettant d’avancer dans la connaissance, la prévention et le soin de pathologies neuropsychiatriques dont l’étiologie est en partie neurodéveloppementale.» – Valérie Doyère

 

En résumé

Des troubles psychiques comme l’anxiété ou le stress post-traumatique sont associées à des perturbations précoces qui altèrent le développement des circuits cérébraux, menant  plus tard à des désordres émotionnels. L’amygdale, une région essentielle pour la gestion des émotions, devient active de manière précoce et influence la formation des connexions avec d’autres zones cérébrales liées à la peur (hippocampe et cortex préfrontal notamment). Ce projet vise à comprendre comment un dérèglement de l’amygdale peut provoquer des troubles émotionnels en perturbant les zones cérébrales avec lesquelles elle est connectée. Cette recherche pourrait améliorer les stratégies thérapeutiques pour des troubles en lien avec les émotions comme le spectre autistique ou le stress post-traumatique.

 

Descriptif du projet

Quel mécanisme neurobiologique rend une personne plus sujette à développer des pathologies anxieuses ou liées au stress ? L’interaction entre des altérations neurologiques d’origine génétique et des facteurs environnementaux tels que des événements stressants pendant le développement postnatal, lorsque le cerveau est le plus malléable, pourrait jouer un rôle essentiel dans l’émergence de symptômes neuropsychiatriques. De nombreux troubles psychiques, tels que l’anxiété et le syndrome de stress post-traumatique, sont associés à des perturbations précoces qui altèrent le développement normal des circuits cérébraux, se traduisant plus tard par des manifestations comportementales.

L’amygdale est une structure cérébrale qui joue un rôle central dans la gestion des émotions et de l’anxiété. Comme elle devient active très tôt dans le développement, elle a une position clé pour influencer la façon dont les connexions et la communication se forment entre les autres régions du cerveau liées à la peur, comme l’hippocampe et le cortex préfrontal. Ces régions cérébrales sont encore en cours de maturation jusqu’à la fin de l’adolescence, voire jusqu’au stade adulte. Le rôle de l’amygdale dans la mise en place de ces circuits au cours de l’adolescence, une période émotionnelle particulièrement vulnérable, reste cependant inexploré.

Ce projet vise à évaluer, du niveau cellulaire au niveau comportemental, le rôle de l’amygdale dans la maturation des circuits la reliant à l’hippocampe et au cortex préfrontal ainsi que leur fonctionnalité dans la gestion de la peur chez l’adolescent. Dans ce projet, les chercheurs testeront l’impact d’une perturbation d’une molécule appelée mTOR dans l’amygdale de jeunes rongeurs, afin d’étudier comment cela perturbe les connexions entre les neurones.

Les chercheurs étudieront l’effet de cette perturbation à l’adolescence. En particulier, ils analyseront l’activité des neurones ex vivo ainsi que les comportements liés à la peur et à l’anxiété. L’expression de ces émotions sera étudiée en corrélation avec l’activité cérébrale des structures impliquées, grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Ce modèle préclinique cherche à comprendre comment un dérèglement de l’amygdale peut entraîner des troubles émotionnels en affectant d’autres parties du cerveau à maturation tardive.

Cette étude pourrait ouvrir la voie à l’amélioration des stratégies thérapeutiques pour les troubles liés aux émotions, tels que le spectre autistique et le syndrome de stress post-traumatique.

 

 


Valérie Doyère, qui s’intéresse aux circuits neuronaux dans la mémoire émotionnelle s’associera à l’équipe de S. Mériaux, l’équipe d’imagerie préclinique de NeuroSpin (Laboratoire CIEL, Saclay) chargée de réaliser les acquisitions IRMf.

Projet financé par l'Unafam

La Fondation pour la Recherche sur le Cerveau regroupe dans son comité des acteurs de la société civile, associations et fondations, avec pour objectif de porter plus fort la cause du cerveau.

C’est dans ce cadre que l’Unafam s’est positionnée pour soutenir ce projet de recherche sélectionné par le Conseil Scientifique de la Fondation, et qui pourrait avoir des conséquences intéressantes et innovantes pour améliorer la prise en charge des patients atteints de maladies psychiatriques.

Valérie Doyère est directrice de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), responsable de l’équipe ‘Mémoire, Émotion & Temps’ et du Département ‘Neurosciences Cognitives et des Réseaux’ à l’Institut des Neurosciences Paris-Saclay (NeuroPSI). Elle est également Professeure auxiliaire à l’Université de New York (USA). Depuis son Doctorat en Neurosciences à Paris VI en 1990, elle s’intéresse aux mécanismes neuronaux sous-tendant la formation de la trace mnésique émotionnelle, son maintien en mémoire à long terme, ainsi que sa mise à jour. Elle étudie ces mécanismes plus particulièrement en se focalisant sur la composante temporelle qui permet d’avoir une anticipation adaptée aux événements prévisibles, dans un réseau de structures cérébrales qui implique l’amygdale, une structure cruciale dans le traitement des émotions.

L'amygdale

L’amygdale est une structure cérébrale qui joue un rôle central dans la gestion des émotions et de l’anxiété.

Document à télécharger

Le centre de recherche

Ce projet est issu d’une équipe de l’Institut des Neurosciences Paris-Saclay (NeuroPSI).

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