Syndrome de Prader-Willi : état de la recherche

Qu’est-ce que le syndrome de Prader-Willi ?

Le syndrome de Prader-Willi est une maladie rare qui touche environ un nouveau-né sur 20 000. On estime le nombre de cas en France à 2 000. L’information génétique est transmise à l’enfant par une paire de chromosomes dont l’un vient du père et l’autre de la mère. Dans cette maladie, une région du chromosome 15, donné par le père, est anormalement inactive. Dans 98 % des cas, cet accident génétique est dû au hasard : les parents de l’enfant ne sont ni porteurs ni atteints de la maladie. Dès la naissance, une faiblesse musculaire sévère (hypotonie) apparaît et entraîne des difficultés d’alimentation. En grandissant, l’enfant malade non pris en charge, développe une grave obésité du fait d’un faible besoin calorique de son corps. L’hyperphagie (prise importante et compulsive de nourriture) contraint les patients à suivre un régime alimentaire strict. Ensuite les symptômes sont variables et divers : problèmes endocriniens, difficultés d’apprentissage, problèmes de comportement, seuil élevé de résistance à la douleur, troubles du sommeil et croissance insuffisante. Tous ces troubles nécessitent une prise en charge multidisciplinaire précoce et adaptée à chaque malade tout en prenant en compte leurs caractères hypersensibles.

 

La recherche en France

En France, le Centre de Référence sur le Syndrome Prader-Willi organise le maillage territorial de la prise en charge du malade et coordonne les équipes médicales situées à Toulouse, Paris et Hendaye sous la responsabilité du Professeur Maïté Tauber. La recherche se concentre sur le traitement des symptômes notamment avec l’ocytocine (OT) au CHU de Toulouse pour traiter la plupart des symptômes survenant au fil de la vie du patient. Une étude en cours vise à prouver l’efficacité de l’AZP-53, analogue d’une hormone, sur le comportement alimentaire. Enfin d’autres équipes se tournent vers l’épigénétique*. Les cellules souches pluripotentes induites sont « fabriquées » à partir de cellules d’organes ou de tissus adultes, puis reprogrammées génétiquement pour les rendre capables de se multiplier à l’infini, de se différencier et de devenir matures, telles que toutes cellules souches embryonnaires. Elles sont utilisées dans la recherche sur ce syndrome pour donner accès au fonctionnement des neurones sachant qu’une anomalie au niveau de l’hypothalamus est caractéristique du cerveau des malades. L’équipe du Docteur Anne-Marie François Bellan, spécialiste des rythmes biologiques, a été sélectionnée dans le cadre de l’appel à projets FRC 2016. Ces chercheurs ont bénéficié d’un financement de 50 000€ pour leurs travaux qui visent à identifier les gènes impliqués dans les dysfonctionnements du rythme du sommeil des patients atteints du syndrome de Prader-Willi.

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Des résultats précliniques encourageants

La revue « Nature Medicine » publie dans son numéro de février 2017 des résultats encourageants d’une expérimentation américaine sur une nouvelle voie thérapeutique pour les patients atteints du syndrome de Prader-Willi.  La maladie résulte d’un défaut d’expression de la copie du gène paternel sur le chromosome 15. En restant silencieuse, cette zone du chromosome 15 empêche certains constituants cellulaires de s’exprimer impliquant des dysfonctionnements notamment dans l’hypothalamus. Dans cette étude, deux produits actifs (UNC0638 et UNC632) sont à l’essai sur des modèles murins de la maladie et fonctionnent en inhibant une protéine dont la finalité est de permettre au chromosome maternel de devenir actif et de contrer l’inactivité du chromosome paternel. Les sujets traités présentent une croissance et un développement supérieur aux sujets non traités. Un sujet traité sur six survit jusque l’âge adulte sans effets secondaires. Ces résultats, obtenus sur un modèle expérimental, sont très encourageants.

 

*étude de la modification de l’expression des gènes n’impliquant pas de modification de la séquence d’ADN

« Targeting the histone methyltransferase G9a activates imprinted genes and improves survival of a mouse model of Prader–Willi syndrome » Yuna Kim, Hyeong-Min Lee et al. Nature Medicine 23, 213–222 (2017)     doi:10.1038/nm.4257

Site Internet de l’association Prader-Willi France : http://www.prader-willi.fr/

 

Rédaction : Nathalie Sellier
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Projet de recherche financé en 2016 par la FRC sur le syndrome de Prader Willi

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