Le lien intestin-cerveau : une piste pour mieux comprendre l’anxiété dans la dépression et l’épilepsie
Porteur du projet : Muriel DARNAUDERY – Laboratoire Nutrineuro (Neurocampus Bordeaux)
Titre du projet : Perturbation de l’axe intestin-cerveau comme mécanisme sous-tendant les symptômes anxieux dans la dépression et l’épilepsie : rôle de la perméabilité intestinale
Montant du projet financé sur l’appel à projets FRC 2024 : 80 000 €
« Un très grand merci à la Fondation pour la Recherche sur le Cerveau et à ses donateurs pour leur soutien constant à la recherche française en neurosciences. Les appels à projet récurrents, sur des thématiques variées en liens avec les maladies du cerveau sont des leviers précieux pour stimuler notre réflexion de chercheurs, favoriser les collaborations entre équipes et concrétiser la mise en œuvre de projets novateurs.» – Muriel Darnaudery
En résumé, comment la perméabilité intestinale peut induire des l’anxiété ?
L’anxiété est un symptôme fréquent chez les personnes atteintes d’épilepsie ou de dépression. Des problèmes dans la communication entre l’intestin et le cerveau pourraient jouer un rôle dans l’apparition de ce symptôme. Quand la barrière intestinale est endommagée, elle devient plus perméable, laissant des composés produits par l’intestin entrer dans le sang et provoquer de l’inflammation. Cette perméabilité pourrait rendre le cerveau plus sensible à certaines pathologies du cerveau. L’objectif de ce projet est de déterminer si l’augmentation de la perméabilité intestinale contribue à l’émergence de symptômes anxieux dans le contexte de la dépression et de l’épilepsie. Ce projet permettra d’envisager de nouvelles stratégies pour atténuer les symptômes anxieux dans ces pathologies en ciblant l’intestin.
Descriptif du projet
L’anxiété est un symptôme dont la prévalence est très forte notamment chez les femmes souffrant d’épilepsie temporale ou de dépression. Une vaste littérature souligne le rôle de dysfonctions de l’axe intestin-cerveau dans l’émergence de désordres comportementaux, en particulier l’anxiété. La barrière intestinale sert de pare-feu entre l’hôte et les bactéries qu’il héberge. L’atteinte de l’intégrité de cette barrière induit une élévation de la perméabilité intestinale qui favorise la diffusion de médiateurs dérivés de l’intestin (composants bactériens ou métabolites toxiques) dans la circulation sanguine et cause un état inflammatoire qui pourrait augmenter la vulnérabilité à certaines pathologies du cerveau. Ainsi, les maladies inflammatoires de l’intestin sont associées à des défauts de la barrière intestinale et sont des facteurs de risque de la dépression et des troubles anxieux, mais aussi de l’épilepsie. Les chercheurs ont récemment découvert que des modèles murins transgéniques ayant une augmentation de la perméabilité intestinale présentaient une hyper-anxiété et une augmentation de l’activation neuronale dans l’hippocampe. Or les atteintes fonctionnelles de cette région cérébrale sont connues pour être impliquées dans la physiopathologie de la dépression et de l’épilepsie.
L’objectif de ce projet est de déterminer si l’augmentation de la perméabilité intestinale constitue un mécanisme biologique commun contribuant aux symptômes anxieux dans le contexte de la dépression et de l’épilepsie. Pour cela, les équipes étudieront dans des modèles murins, quels sont les liens entre perméabilité intestinale, altérations de l’hippocampe et anxiété ; En parallèle, ils analyseront dans une cohorte humaine, les liens entre les niveaux sanguins de marqueurs de perméabilité de la barrière intestinale, de métabolites dérivés de l’intestin et les symptômes d’anxiété. L’hypothèse des chercheurs est que l’augmentation de la perméabilité intestinale pourrait constituer un mécanisme contribuant aux symptômes anxieux, via des processus inflammatoires affectant notamment le niveau d’activité des circuits hippocampiques.
Cette étude permettra de mieux comprendre le rôle de l’axe intestin-cerveau dans la physiopathologie de la dépression et de l’épilepsie, afin d’envisager de nouvelles stratégies pour atténuer les symptômes anxieux dans ces pathologies en ciblant l’intestin.

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Le projet repose sur la collaboration entre Muriel Darnaudery (équipe Nutripsy) et Christophe Mulle (équipe Synapses et circuits neuronaux) issus de 2 équipes de recherche bordelaises complémentaires. Nutripsy réalise une recherche translationnelle et est spécialisée dans la compréhension des mécanismes inflammatoires impliqués dans les troubles neuropsychiatriques; l’équipe « Synapses et circuits neuronaux », est experte dans l’étude de la neurophysiologie de l’hippocampe et l’épilepsie.

Muriel Darnaudéry a effectué des études de Psychologie puis s’est passionnée pour les neurosciences. Elle a réalisé un doctorat à l’université de Bordeaux dans le laboratoire de Michel Le Moal. Après un post-doc à Madrid, puis en 2000, un poste de Maître de conférences à l’université de Lille, elle obtient en 2010 un poste de Professeure à l’université de Bordeaux. Son travail de recherche, mené dans le laboratoire Nutrineuro (INRAE) au sein de l’équipe NutriPsy, s’inscrit dans le cadre de la problématique des origines développementales de la santé et des maladies. Elle cherche à comprendre comment l’environnement périnatal, en particulier la nutrition et le stress, influence le développement du cerveau. Elle étudie également le rôle des dysfonctionnements intestinaux (dysbiose et hyperperméabilité) dans l’émergence des déficits comportementaux associés au stress précoce.
Le centre de recherche
Ce projet est issu d’une équipe du laboratoire Nutrineuro à Bordeaux.










