La conscience

L’étymologie latine du mot conscience, « cum scientia » signifie «savoir avec», savoir que l’on sait. Ainsi, lorsque j’ai conscience d’une douleur, j’ai aussi conscience de la ressentir : la conscience de quelque chose est aussi la conscience d’en avoir conscience. Avoir conscience, c’est s’apercevoir que l’on perçoit et donner un sens à ces perceptions.

 

Les interrogations sur le mode d’existence de la conscience, l’esprit ou l’âme sont aussi anciennes que la philosophie. On s’est demandé au cours des siècles comment expliquer ces phénomènes : de quoi sont-ils l’effet ? Du corps ? D’une autre substance ? De l’unité du corps et de l’esprit ?

D’où vient la conscience ?

Aujourd’hui, les neurosciences cognitives reprennent ces anciennes questions pour tenter de leur apporter des réponses fondées sur l’expérimentation. Leur principe de base est qu’à tout « état mental » (vécu, subjectif) correspond un « état neural » (une configuration du cerveau, observable, objective). Leur programme de recherche consiste donc à identifier les corrélats neuronaux de la conscience, c’est-à-dire les processus physiques qui accompagnent telle ou telle manifestation de la conscience.

Dans cette perspective, l’étude des processus de la vision a été particulièrement féconde, donnant lieu à de multiples études, dont celle, particulièrement intéressante, de ce qu’on a appelé la « vision aveugle ». Les sujets atteints de certaines lésions aux cortex visuels primaires ont certaines parties de leur champ visuel totalement obscurcies. Pourtant, si l’on présente signal lumineux dans ces zones et qu’on les interroge sur la présence ou l’absence d’une lumière, ils « tombent juste » dans la plupart des cas. Autrement dit, ils ont bien vu le signal lumineux, mais sans en avoir aucune conscience perceptive.  Ils ont vu sans voir. Cette expérience de la « vision aveugle » semble ainsi permettre de conclure qu’il existe dans le cerveau des régions nécessaires à la survenue de la conscience, mais indépendantes des structures assurant la transmission « brute » des signaux. En l’occurrence, les informations visuelles atteignaient bien les premiers relais sous-corticaux, mais restaient déconnectées du cortex visuel primaire, ce qui les privait d’un accès à la conscience perceptive. L’étude de la perception visuelle témoigne ainsi d’une corrélation importante entre l’activité de certaines régions cérébrales et la conscience des perceptions.

 

Peut-on localiser la conscience ?

De façon plus générale, de nombreux chercheurs ont proposé des localisations cérébrales de la conscience : aires visuelles du cortex, hippocampe, liaisons entre thalamus et cortex…

Ce type de démarche correspond à ce que le philosophe David Chalmers a appelé le « problème facile » de la conscience : trouver les processus cérébraux qui sous-tendent des phénomènes tels que la perception visuelle ou l’attention. Mais une chose est de repérer des circuits et des processus cérébraux associés à des phénomènes mentaux, autre chose est d’expliquer le fait même d’être conscient, le vécu subjectif de la conscience. C’est le « problème difficile » de la conscience : il ne s’agit alors plus seulement de repérer les circuits nerveux qui nous permettent par exemple d’être informé d’une douleur dans le pied (« problème facile »), mais d’expliquer comment naît l’impression subjective de la douleur, sachant qu’expliquer la transmission d’influx ne rend pas compte du vécu subjectif des sensations, de « l’effet que cela fait », ou encore, précisément, de la conscience.

L’accès aux perceptions sous leur forme consciente n’est en effet possible que du point de vue de la première personne, telles que je les ressens, tandis que ce que décrit la science, les configurations neuronales, ne sont accessibles que du point de vue d’un tiers, d’un observateur extérieur, telles qu’il les voit.

Cette seconde difficulté, fondamentale, donne lieu à de très vifs débats philosophiques, sur la possibilité d’une localisation neurologique de ce qu’on appelle « l’aspect phénoménologique » de la conscience, c’est-à-dire sa dimension « vécue ». Dans cette perspective, certains philosophes dressent une critique radicale des neurosciences, accusées d’avoir une approche « réductionniste » de la vie de l’esprit.

 

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