Addiction : des découvertes sur le système endocannabinoïde 

Depuis 15 ans, le Dr. Giovanni Marsicano, responsable d’une équipe de recherche au Neurocentre Magendie de Bordeaux, se consacre à l’étude du système endocannabinoïde. En 2007, il a obtenu un financement de 30 000€ de la FRC pour ses travaux sur l’implication du système endocannabinoïde dans les effets positifs de l’exercice physique volontaire sur l’humeur. En 2010, il a décroché un financement du Conseil européen de la recherche (ERC Starting Grant) pour comprendre son rôle dans la prise alimentaire. Plusieurs découvertes en ont découlé…

 

Qu’est-ce que le système endocannabinoïde ?

Le système endocannabinoïde est un ensemble de récepteurs cannabinoïdes – c’est-à-dire des récepteurs du THC (la substance active du cannabis) – et de molécules dont le rôle naturel est progressivement décrypté. Ce système module d’importantes fonctions comme par exemple l’anxiété, la consommation alimentaire et l’équilibre énergétique. Les recherches de l’équipe du Dr. Giovanni Marsicano vise à mieux comprendre les bases moléculaires de l’adaptation comportementale, en particulier à décrypter le rôle du système endocannabinoïde.

 

Comment ce système régule-t-il la prise alimentaire ?

Ces chercheurs ont pu démontrer que la faim stimule l’activité des récepteurs endocannabinoïdes qui activent à leur tour l’olfaction. Notre odorat est alors accru et rend la nourriture plus attractive, ce qui augmente notre envie de manger. Mais il s’agit là d’une des propriétés du système endocannabinoïde parmi tant d’autres ! Ces récepteurs sont en effet impliqués dans la régulation de l’activité cérébrale à plusieurs niveaux. Le système endocannabinoïde joue ainsi un rôle transversal sur de nombreux mécanismes. En ciblant le devenir d’une molécule, ces chercheurs suivent et étudient tous les mécanismes biologiques dans lesquels elle est impliquée, ce qui leur permet de décrypter les différentes fonctions de ce système.

 

Quelles sont les dernières découvertes ?

Les travaux de ces chercheurs ont permis de mettre en évidence deux découvertes majeures. Ils ont tout d’abord montré que les récepteurs endocannabinoïdes, présents à la surface de cellules cérébrales, étaient également présents à l’intérieur de ces cellules, fixés à la surface des mitochondries. Ces organites sont les « centrales énergétiques » des cellules. Leur activité pourrait donc être perturbée chez les consommateurs de cannabis, ce qui expliquerait les problèmes de mémorisation qu’ils peuvent rencontrer. Ces chercheurs ont aussi découvert que la prégnénolone, un précurseur naturel de plusieurs de nos hormones, est capable d’inhiber certains effets délétères liés à la consommation de cannabis. Cette découverte pourrait conduire au développement d’un produit de sevrage pour les consommateurs. Selon des données préliminaires obtenues au sein de modèles expérimentaux, la prégnénolone pourrait aussi les protéger de son effet psychotique et réduire les troubles psychiatriques que connaissent beaucoup de consommateurs.

 

Source : Inserm

Crédit photo : Inserm/Lavenne, Franck

► Découvrir le projet de Giovanni Marsicano financé par la FRC : « Pourquoi prend-on plaisir (ou pas) à faire de l’exercice physique ? »

 

 

 

 

 

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Portrait de Giovanni Marsicano

Giovanni Marsicano dirige l’équipe « Endocannabinoïdes et Neuroadaptation » au sein de l’unité Inserm 1215, Neurocentre Magendie à Bordeaux.

Vétérinaire de formation, il a commencé la recherche en Italie en 1992. Fasciné par les neurosciences, il se lance dans une thèse de doctorat puis un post-doctorat au sein de l’Institut allemand Max planck où il s’intéresse au système endocannabinoïde. Grâce à cette spécialisation, il a rejoint le Neurocentre Magendie au sein duquel il obtient un financement de la FRC en 2007 qui participe au lancement de ses travaux.

« Les mitochondries sont essentielles à la mémoire, publiée le 9 janv 2017, une étude menée par la même équipe de chercheur

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