Evolution de la recherche sur les troubles bipolaires
Au cours des dernières décades, l’évolution de la recherche sur les troubles bipolaires a concerné différents domaines.
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Evolution des troubles bipolaires sur le plan nosographique
Dans le domaine nosographique1, le concept s’est étendu au-delà de la classique psychose maniaque dépressive, faite d’épisodes maniaques, dépressifs ou mixtes (association de symptômes maniaques et dépressifs) et considérée à présent comme trouble bipolaire de type I, soit la forme la plus grave de la maladie. L’évolution nosographique a surtout porté sur la durée, la fréquence et l’intensité de la composante d’élévation de l’humeur ainsi que sur son caractère spontané ou provoqué par des éléments de nature diverse. Le concept qui résume le mieux cette évolution est celui de spectre des troubles bipolaires, concept qui s’intègre bien dans le cadre des modèles actuels de vulnérabilité au stress.
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Evolution des troubles bipolaires sur le plan épidémiologique
Sur le plan épidémiologique2, cette extension a conduit à une multiplication par dix de la prévalence des troubles bipolaires en population générale. Cette évolution peut également rendre compte du retard au diagnostic de trouble bipolaire, retrouvé dans différentes enquêtes épidémiologiques et équivalent à dix ans en moyenne. Des études longitudinales3 ont également montré qu’un certain nombre de troubles unipolaires pouvaient évoluer vers la bipolarité et des indices prédictifs d’une telle évolution (ou conversion) ont été décrits. L’épidémiologie a également montré la fréquence des comorbidités, qu’il s’agisse de comorbidités psychiatriques (déficit de l’attention avec hyperactivité, troubles anxieux, troubles du comportement alimentaire ou trouble de la personnalité, en particulier borderline) ou organiques (notamment les troubles métaboliques).
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Evolution des troubles bipolaires sur le plan clinique
Sur le plan clinique, la recherche a permis une meilleure connaissance des épisodes associés à des signes psychotiques (délire, hallucinations), facilitant ainsi le diagnostic différentiel avec les épisodes schizophréniques et donc un diagnostic plus précoce de la maladie. Il en va de même pour les épisodes mixtes avec la différenciation récente sur le plan critériologique des manies avec caractéristiques mixtes et des dépressions avec caractéristiques mixtes. La validation dans plusieurs pays d’échelles et d’outils diagnostiques a pu faciliter le travail clinique et la recherche épidémiologique.
De récentes recherches sur les biomarqueurs sanguins des troubles bipolaires ouvrent une voie d’espoir prometteuse dans la mise au point de moyens de diagnostic rapide, grâce à une prise de sang.*
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Evolution des troubles bipolaires sur le plan génétique
Les recherches effectuées dans le domaine génétique ont été multiples mais leurs résultats manquent de spécificité. L’un de leurs principaux mérites est peut-être d’avoir permis l’émergence du concept de familles et/ou sujets à risque, d’en étudier les marqueurs et d’en suivre l’évolution. Parmi les marqueurs potentiels, le concept de tempérament a fait l’objet de recherches nouvelles. L’évolution des sujets à risque a permis une meilleure connaissance des formes de l’enfant et des pathologies diverses susceptibles de précéder l’apparition d’un trouble bipolaire.
Par ailleurs, des études ont permis de mettre en évidence une interaction entre des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux dans le développement de la pathologie.*
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Evolution des troubles bipolaires sur le plan biologique et neuroimagerie
Les recherches biologiques restent centrées sur la dopamine et une piste de recherche qui s’est avérée intéressante a été celle qui consiste à trouver des marqueurs dopaminergiques à même de différencier les troubles bipolaires de la schizophrénie.
La piste immuno-inflammatoire est également explorée pour mieux comprendre l’origine de cette pathologie et identifier des biomarqueurs essentiels au diagnostic. *
Dans le domaine de la neuroimagerie, les travaux ont été nombreux, mais là encore le problème de la spécificité des anomalies retrouvées se pose. Les études comparatives avec la schizophrénie sont, dans ce domaine aussi, intéressantes et les méta-analyses4 réalisées permettent d’enrichir la réflexion et le débat.
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Evolution des troubles bipolaires sur le plan thérapeutique
Dans le domaine thérapeutique, de nouvelles molécules, appartenant à la classe des anticonvulsivants et à celle des antipsychotiques de seconde génération, sont venues enrichir l’arsenal pharmacologique. Parallèlement, de nouvelles techniques psychothérapeutiques telles que la psychoéducation, les thérapies familiales, les thérapies interpersonnelles et des rythmes sociaux ou la thérapie de couple ont permis une meilleure prise en charge des patients. Une nouvelle voie de recherche est celle ouverte par le développement des techniques de stimulation cérébrale. Le développement des systèmes de recommandations thérapeutiques a également permis une meilleure connaissance et une plus grande diffusion des différentes modalités thérapeutiques.
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Evolution des troubles bipolaires sur le plan psychosocial
Les études psychosociales et les études médico-économiques ont enfin eu le mérite de révéler la stigmatisation, les conséquences délétères sur l’emploi et les relations sociales et affectives liées à la maladie ainsi que le coût considérable qu’elle représentait pour la société, surtout quand elle était insuffisamment comprise, mal diagnostiquée et traitée dans des conditions non-optimales.
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Définitions :
1Nosographie : Description et classification des maladies d’après leurs caractères distinctifs.
2Epidémiologie : D’après la définition de l’OMS, l’épidémiologie est l’étude de la fréquence et la répartition des maladies dans le temps et dans l’espace, ainsi que le rôle des facteurs qui déterminent cette fréquence et cette répartition au sein des populations humaines.
3Etude longitudinale : Etude résultant du suivi d’une population ou d’un phénomène dans le temps en fonction d’un événement de départ.
4Méta-analyse : Analyse scientifique qui compile et synthétise les résultats d’une série d’études indépendantes sur une question donnée. La méta-analyse permet d’augmenter la puissance statistique en augmentant le nombre de cas étudiés, afin de tirer une conclusion globale
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Rédaction : Pr. Jean-Michel AZORIN, médecin psychiatre à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, spécialisé dans la prise en charge des patients souffrant de schizophrénie et de troubles bipolaires.
* Mise à jour le 19/02/24 par Martine Rampanana, Chargée des actions scientifiques de la FRC
Photographies : Freepik / Pexels
Troubles bipolaires
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