Les activités intellectuelles au service de la santé du cerveau

Tout comme le reste du corps humain, le cerveau doit être entretenu pour le maintenir en bonne santé. Pour cela, il existe différents moyens dont la pratique d’activités intellectuelles. En effet, ce type d’activités aurait un effet protecteur : plus on utilise son cerveau, moins il s’abîme !

Pour rester en bonne santé, le cerveau doit être utilisé dans son ensemble à travers ses différentes fonctions cognitives. Pour cela, les activités qui nécessitent l’utilisation de vocabulaire, de diverses connaissances, de logique, de mémoire sont appropriées. Plusieurs types de jeux permettent de faire travailler l’ensemble du cerveau : Scrabble, Bridge, Sudoku, mots croisés, échecs, jeux de cartes, etc.

 

Quels sont les effets d’une activité intellectuelle sur la santé du cerveau ?

Depuis une vingtaine d’années, différents travaux de recherche ont été menés concernant les effets d’une pratique intellectuelle sur le cerveau*. A l’issue de ces recherches, les chercheurs ont pu montrer qu’une pratique régulière comme lire ou jouer à des jeux pourrait réduire le risque de démence liées à l’âge en améliorant les capacités intellectuelles.

En effet, différentes études ont montré que les personnes âgées pratiquant une activité intellectuelle régulière telle que la lecture ou des jeux de réflexion auraient un risque réduit de démence et notamment une diminution du risque de développer la maladie d’Alzheimer. En particulier, une étude** américaine a montré, il y a 15 ans, que la pratique d’une de ces activités une fois par semaine réduirait de 7 % le risque de démence, et cette réduction irait jusqu’à 63 % chez les personnes pratiquant une activité intellectuelle 11 jours par mois. Cette étude a été menée auprès de 469 personnes de plus de 75 ans qui ont été suivies sur plusieurs années. Les chercheurs ont examiné la fréquence des activités intellectuelles des participants tout en surveillant l’apparition éventuelle de démences. Plus récemment, une étude publiée en juillet 2018 *** et menée en Asie a abouti aux mêmes conclusions. Les chercheurs ont collecté sur plusieurs années les données de plus de 15 000 participants de plus de 65 ans. Ces données regroupent la pratique d’activités intellectuelles de type lecture, jeux de société, jeux de carte, ainsi que des informations sur le mode de vie (activité sportive, régime alimentaire). En parallèle, la survenue éventuelle d’une démence a été examinée. En associant ces différentes données, les chercheurs ont démontré qu’une participation active à des activités intellectuelles pourraient permettre de retarder, voire de prévenir la démence chez les personnes âgées.

Ces différentes études scientifiques ont ainsi montré que la pratique d’activités cérébrales participe à la préservation des capacités cognitives.

 

Quels sont les mécanismes biologiques impliqués ?

L’activité intellectuelle fait travailler les neurones et permet de les stimuler quelle que soit la période de la vie. Au cours de l’enfance, les stimulations intellectuelles permettent de mettre en place et de développer les réseaux neuronaux nécessaires. Ensuite, tout au long de la vie, plus les neurones et leurs synapses (contacts entre les neurones) seront utilisés, plus de nouvelles connexions seront formées. Ainsi la transmission de messages entre les neurones sera renforcée. En plus d’augmenter les connexions entre les neurones, l’activité du cerveau permet la formation de nouveaux neurones. Ainsi, la pratique régulière d’activités intellectuelles améliore les capacités cognitives par des mécanismes de « plasticité cérébrale ».

Grâce à ces différents mécanismes, les activités intellectuelles auraient un rôle protecteur pour les neurones et ainsi le cerveau dans sa globalité. En effet, en permettant une augmentation du nombre de neurones et des connexions entre eux, ces activités permettent de développer ce qui est appelée « réserve cognitive ». Plus la réserve cognitive est importante, plus le cerveau peut affronter les dommages dus à un vieillissement ou à la survenue d’une maladie. Cette réserve cognitive varie d’un individu à l’autre et permettrait d’expliquer pour quelles raisons le vieillissement cérébral affecte les individus de façon différente. Plus cette réserve cognitive est entretenue, entre autres par la pratique d’activités intellectuelles, plus le cerveau serait à même de surmonter les processus du vieillissement cérébrale. Les jeux permettraient notamment d’augmenter ce capital intellectuel et pourrait retarder le déclenchement de dysfonctionnements du cerveau.

 

Rédaction : Laura Gouder, Chargée des actions scientifiques à la FRC

 


* – Intellectual and physical activities, but not social activities, are associated with better global cognition: a multi-site evaluation of the cognition and lifestyle activity study for seniors in Asia (CLASSA). Lam LC et al. 2015 Age Ageing

– The Projected Impact of Risk Factor Reduction on Alzheimer’s Disease Prevalence.  Barnes DE et Yaffe K. Lancet Neurol. 2011

– Healthy aging and dementia: findings from the Nun Study. Snowdon DA Ann Intern Med 2003

– Leisure Activities and the Risk of Dementia in the Elderly. J Verghese et al. N Engl J Med 2003

** Leisure Activities and the Risk of Dementia in the Elderly. J Verghese et al. N Engl J Med 2003

*** Association of Daily Intellectual Activities With Lower Risk of Incident Dementia Among Older Chinese Adults. Allen T. C. Lee et al. JAMA Psychiatry. 2018

 

 

En bref

– Pour rester en bonne santé, le cerveau doit être utilisé dans son ensemble à travers ses différentes fonctions cognitives.
– L’activité intellectuelle fait travailler les neurones et permet de les stimuler quelle que soit la période de la vie.
– En permettant une augmentation du nombre de neurones et des connexions entre eux, les activités intellectuelles permettent de développer ce qui est appelée « réserve cognitive ». Plus la réserve cognitive est importante, plus le cerveau peut affronter les dommages dus à un vieillissement ou à la survenue d’une maladie.

Témoignage de Francis Chauvin

« Après un infarctus en 2016, j’ai été touché par un très grave AVC l’année suivante avec des complications dues à l’apparition d’un hématome au cerveau. A l’issue de l’opération, les médecins m’interdisent de retourner tout de suite dans ma maison à étage et m’indiquent de partir en EPHAD. L’idée ne m’emballe pas, mais ma fille me trouve heureusement la possibilité de séjourner avec mon épouse Evelyne dans un EPHAD près de chez elle à Marbella. Nous décidons rapidement de quitter cet EHPAD et de réintégrer notre maison avec la volonté de réussir … J’aimerais bien rejouer au bridge  malgré l’incertitude de pouvoir suffisamment récupérer mes activités intellectuelles et ma perte de champ visuel. Lorsqu’un jour, mon ancien partenaire de bridge me convainc de rejouer avec lui, j’accepte immédiatement et me mets à réapprendre toutes les règles du jeu. A force de persévérance, je regagne progressivement mes capacités intellectuelles, progresse dans les classements et parviens à gagner un tournoi de régularité ! Pour moi, le bridge est un formidable moyen de récupération de mon AVC et de ses conséquences, cela me permet également de continuer à échanger et à rencontrer mes amis bridgeurs. A la suite de cette aventure, j’ai décidé d’écrire un livre « Vous n’aurez plus jamais la même vie qu’avant !». Francis Chauvin membre du Club de Bridge de Mérignac-Pessac-Eysines.

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