Comment le cerveau des enfants s’adapte-t-il à un environnement socio-économique défavorable ?
Mis à jour le 11/08/2025
Porteur du projet : Jérôme PRADO – Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon
Titre du projet : Comment le cerveau en développement s’adapte à un environnement socio-économique défavorable ?
Montant : 79 580 €
« Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à la Fondation pour la Recherche sur le Cerveau et à ses donateurs pour leur soutien essentiel à ce projet de recherche. La recherche en neurosciences du développement cognitif est complexe et nécessite des ressources importantes, particulièrement pour les études longitudinales comme la nôtre. Grâce à votre soutien, nous pourrons mieux comprendre comment l’environnement familial influence le développement cérébral des enfants, en particulier ceux à risque de troubles d’apprentissage. Votre engagement permet de faire avancer la recherche sur le développement cognitif de l’enfant, un domaine dont les implications sociétales sont majeures ». – Jérôme Prado
Descriptif du projet
Environ trois millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté en France. Un environnement socio-économique défavorable affecte de façon importante les compétences académiques, cognitives et socio-émotionnelles de ces enfants. Une hypothèse récente propose que ces effets du statut socio-économique familial seraient dus à un phénomène d’adaptation cérébrale, avec une accélération du développement cérébral en réponse à un contexte environnemental défavorable. Cette accélération aurait pour conséquence de raccourcir les périodes de plasticités cérébrales qui sont fondamentales aux apprentissages. Ce phénomène pourrait même être amplifié chez les enfants qui sont déjà à risque de développer un trouble de l’apprentissage, comme la dyslexie et la dyscalculie.
Les chercheurs étudieront si le statut socio-économique familial influence le rythme de développement du cerveau chez les enfants présentant ou non un risque de troubles de l’apprentissage. Pour ce faire, l’équipe mesurera par imagerie par résonance magnétique (IRM) la morphométrie du cerveau et la connectivité des réseaux fonctionnels dans une étude longitudinale portant sur des enfants âgés de 5 à 9 ans. Ce projet tire parti d’un échantillon unique d’enfants qui sont venus au laboratoire lorsqu’ils avaient 5 ans. À cette époque, le statut socio-économique et la qualité de l’environnement d’apprentissage à la maison avaient été mesurés, tandis que les compétences précoces des enfants en matière de littératie et numératie avaient été testées. Des images structurelles et fonctionnelles du cerveau de ces enfants avaient également été obtenues.
Les chercheurs souhaitent maintenant étudier les relations entre l’environnement familial des enfants et les changements neuronaux entre l’âge de 5 et 9 ans. L’équipe cherchera également à savoir si l’environnement familial peut agir comme un facteur de risque ou de protection du développement cérébral chez les enfants présentant un risque de dyslexie et/ou de dyscalculie.
Les résultats de cette étude pourraient avoir un impact économique et sociétal important car ils permettraient d’informer sur l’impact des politiques publiques cherchant à améliorer l’environnement familial de littératie et de numératie des familles défavorisées, en particulier dans le cas des enfants à risque de troubles d’apprentissage.
Premiers résultats
L’objectif du projet était de de mieux comprendre comment l’environnement d’un enfant influence le développement cérébral, notamment chez les enfants ayant des prédispositions aux troubles de l’apprentissage, comme la dyslexie ou la dyscalculie.
Les premières analyses montrent des résultats prometteurs sur l’évolution de l’activité du cerveau chez les enfants entre 5 et 8 ans. Les chercheurs ont notamment observé que certaines zones du cerveau deviennent plus actives avec l’âge lorsqu’un enfant traite des nombres ou lit des mots. Cela montre à quel point le cerveau est capable de s’adapter au fil des apprentissages. Fait intéressant, ces zones sont différentes selon le type de tâche :
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Zones d’activation chez les enfants en lien avec la perception des nombres Le système pariétal, une région située vers l’arrière du cerveau, s’active surtout lors des activités liées aux nombres.
- Le système fronto-temporal gauche, situé sur le côté du cerveau, est particulièrement impliqué dans la lecture des mots.
Les scientifiques ont également découvert que la qualité de l’environnement d’apprentissage à la maison (par exemple, la fréquence des activités autour du calcul et de la lecture/écriture, la quantité de matériel éducatif disponible, ainsi que les attitudes et attentes des parents vis-à-vis des apprentissages scolaires ) semble renforcer les connexions entre ces régions du cerveau.
Ces premiers résultats sont encourageants. Les chercheurs poursuivent leurs travaux pour mieux comprendre comment ces changements dans le cerveau peuvent être influencés par les conditions socio-économiques dans lesquelles grandissent les enfants.
Publications
Une publication scientifique est prévue d’ici la fin de l’année, une fois l’analyse complète des données finalisée.
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Jérôme Prado, expert en neurosciences cognitives de l’apprentissage des mathématiques et en neuroimagerie pédiatrique, collaborera avec les Drs. Eddy Cavalli et Royce Anders du Laboratoire d’Etude des Mécanismes Cognitifs de Lyon, spécialistes des troubles de l’apprentissage tels que la dyslexie.

Le chercheur
Jérôme Prado est chargé de recherche CNRS au sein du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL). Ses recherches portent sur le développement des compétences mathématiques et du raisonnement chez l’enfant : Quelles structures cérébrales permettent le développement de ces compétences ? Pourquoi certains enfants présentent des troubles de l’acquisition des mathématiques (dyscalculie) ? Quels facteurs cognitifs et sociaux influencent le développement de ces compétences ? Pour répondre à ces questions, il s’appuie sur des méthodes de psychologie expérimentale et de neurosciences cognitives, telles que l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).

Le centre de recherche
Ce projet est issu d’une équipe du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon