Effet des pesticides sur le développement neural et la mémoire

Porteur du projet : Germain BUSTO – Institut de Génétique Humaine (Montpellier)

Titre du projet : EPIPEST – L’exposition chronique à de faibles doses de pesticides perturbe le développement neural et les capacités cognitives via les microARNs

Le projet est soutenu par l’Association France Parkinson et l’expertise scientifique assurée par le Conseil Scientifique de la FRC.

Montant : 79 974 €

 

Descriptif du projet :

La présence de pesticides dans de nombreux aliments mène à s’interroger sur leurs effets sur la santé, dont la santé du cerveau. Alors que les conséquences d’une intoxication aigüe aux pesticides sont bien connues (allant de la simple irritation à l’apparition de tumeurs), les conséquences d’une exposition chronique à de faibles doses restent plus obscurs. Les effets au cours du développement, période de vulnérabilité, sont particulièrement préoccupants. Parmi les éléments biologiques qui peuvent être altérés par les pesticides se trouvent les micro-ARNs. Ce sont des molécules indispensables au bon développement et fonctionnement du corps humain, notamment du cerveau.

Germain Busto a identifié récemment les micro-ARNs indispensables aux étapes du développement pour permettre une capacité mnésique (mémoire) au stade adulte. Le projet soumis par le chercheur a pour objectif d’identifier les pesticides affectant ces micro-ARNs en particulier, d’étudier les effets de ces pesticides sur la mémoire lors d’une exposition chronique et d’analyser les mécanismes impliqués. Ces données permettront ensuite au chercheur d’étudier s’il est possible de compenser les perturbations induites par les pesticides. Pour cela, des larves de drosophiles (mouches des fruits) seront mises en présence de pesticides, et des tests de mémoire seront réalisés au stade adulte afin de voir si l’exposition à ces pesticides à des stades précoces peuvent affecter la mémoire des individus à des stades plus tardifs.

Ce projet permettra d’étudier les effets de pesticides sur les fonctions cognitives dont la mémoire. De manière plus globale, il permettra de connaître les mécanismes selon lesquels des pesticides présents à des stades précoces peuvent avoir un impact sur le cerveau à un stade plus tardif. Ce projet a donc un intérêt pour les troubles au cours du développement (autisme, schizophrénie) mais également pour des maladies neurodégénératives (maladie de Parkinson, d’Alzheimer, de Huntington). Bien que ces pathologies aient des tableaux cliniques très distincts, elles ont en commun de présenter des troubles de l’apprentissage et de la cognition.

 

Les avancées du projet :

A ce jour, le projet est toujours en cours. Une partie importante du projet a été réalisée et l’équipe a identifié au moins un pesticide, sur les huit testés, dont l’exposition durant le développement conduisait, chez l’adulte, à des défauts de mémorisation. Pour deux autres pesticides, dont le glyphosate, des tendances ont été aussi observées et l’équipe souhaite les confirmer chez des individus plus âgés.

Ces résultats laissent donc supposer une interaction entre ces pesticides et le fonctionnement de certains neurones impliqués dans la mémoire. Désormais, l’équipe souhaite définir comment cette interaction se fait.

Pour cela, ils vont quantifier l’expression des micro-ARN durant le développement et suite à une exposition aux pesticides. L’idée est de déterminer s’il existe un lien direct entre la dérégulation de certains micro-ARN et une altération de la mémoire. D’autres mécanismes moléculaires seront évalués et la comparaison avec une exposition chez l’adulte sera réalisée par d’autres collaborateurs.

 

Les publications et communications

Les résultats obtenus n’ont pas encore été publiés, l’étude se poursuit afin d’obtenir des données supplémentaires permettant de les affiner et de les valider.  Les premiers résultats ont été présentés lors du séminaire au sein de l’IGH et du CHU de Montpellier, ce qui a permis la mise en place d’une collaboration avec l’équipe du Dr Giacomo Cavalli.

 

Témoignage de Germain Busto, porteur de projets :

« Dans les pays développés, 10 à 20 % des enfants souffriraient de désordres de l’apprentissage et du développement. Les pesticides, en participant à l’apparition de désordres neurodéveloppementaux, seraient à l’origine d’une « pandémie silencieuse ». […] Grâce au financement de la FRC […] Nous avons valider l’hypothèse selon laquelle, même à faible dose, des pesticides peuvent avoir un impact sur la mémoire ».

Photo: équipe « Impact systémique des petits ARN régulateurs » du Dr. Hervé Seitz, à l’Institut de Génétique Humaine, Montpellier.

Germain Busto est chercheur post-doctorant dans l’équipe « Impact systémique des petits ARN régulateurs » du Dr. Hervé Seitz, à l’Institut de Génétique Humaine. Après une formation à l’université Claude Bernard et à l’École Normale Supérieure de Lyon, il a obtenu un doctorat en Neurosciences portant sur l’apprentissage et la neurogénèse adulte. Il s’est ensuite intéressé aux microARNs et à leur implication dans le processus de mémorisation lors d’un post-doctorat effectué dans l’équipe du Pr. Ron Davis en Floride.

Projet financé par l'Association France Parkinson

Créée en 1984 par le Pr Yves Agid, l’Association France Parkinson rassemble  plus de 10 000 sympathisants (adhérents et donateurs). France Parkinson est, à ce jour, la seule association nationale des personnes touchées par la maladie de Parkinson, reconnue d’utilité publique, et bénéficiant de l’agrément santé. Elle est une des principales associations à l’origine de la création de la FRC, il y a 20 ans.

LE CENTRE DE RECHERCHE

Ce projet est issu de l’équipe de « Neurogénétique et mémoire » du Dr. Hervé Seitz, à l’Institut de Génétique Humaine de Montpellier.

> En savoir plus sur l’Institut

« LE CERVEAU AGRESSÉ PAR SON ENVIRONNEMENT »

> Voir tous les projets financés par la FRC en 2019 sur ce thème 

 

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