Maladie de Parkinson : les habitants des zones agricoles seraient-ils plus exposés ?

Plus les activités agricoles sont développées localement et plus le nombre de cas de la maladie de Parkinson est élevé, révèlent des chercheurs de l’Inserm. Le risque serait maximal dans les territoires viticoles.

 

De nombreuses études toxicologiques et épidémiologiques ont décrit la relation entre l’exposition professionnelle aux pesticides et la survenue de cette maladie neurodégénérative chez les agriculteurs et les travailleurs agricoles. De ce fait, la maladie de Parkinson a récemment été inscrite au tableau des maladies professionnelles chez les agriculteurs français. Mais les professionnels ne seraient pas les seuls concernés : les habitants d’une zone où l’activité agricole est dense encourraient eux aussi un risque plus élevé de développer la maladie. C’est la conclusion inquiétante établie par une étude de l’Inserm, réalisée en collaboration avec l’agence nationale Santé publique France et parue dans l’European Journal of Epidemiology.

 

La présence de zones viticoles augmente le risque de 10%

Dans cette étude, les chercheurs n’ont pas établi un lien de cause à effet mais ont décrit l’association existant entre le nombre de cas de la maladie de Parkinson et l’importance de l’activité agricole dans une zone donnée. « Notre travail a été délicat à conduire car la maladie est relativement rare et parce que nous ne disposons pas de moyens simples pour recenser les cas diagnostiqués« , explique dans un communiqué Alexis Elbaz, qui a dirigé l’étude.

Ces chercheurs ont donc analysé des données issues de l’assurance maladie pour établir le nombre de personnes nouvellement traitées par des médicaments antiparkinsoniens dans chaque canton français, entre 2010 et 2012. Ils ont ensuite utilisé le recensement agricole national conduit par le ministère de l’Agriculture, en 1988 puis en 2000, pour caractériser l’activité agricole sur chacun de ces territoires. Différentes variables pouvant influencer la survenue de la maladie ou la fréquence du diagnostic (tabagisme, ensoleillement, niveau socio-économique…) ont été prises en compte.

Bilan de cette étude : plus la proportion de surface des cantons allouée à l’agriculture est élevée, plus le nombre de nouveaux cas annuel de Parkinson dans chaque canton est important. « Et avec certaines cultures, comme la viticulture, l’association semble plus prononcée » précise Alexis Elbaz. En effet, selon ses travaux, la présence de vignobles augmente l’incidence de la maladie d’environ 10%. Cette association est retrouvée dans différentes régions viticoles.

 

Une relation plus marquée chez les plus de 75 ans

 « La relation entre l’activité viticole et la maladie de Parkinson est plus marquée chez les plus de 75 ans, en comparaison des sujets plus jeunes, quelle que soit la population analysée«  explique le chercheur. « Peut-être les personnes les plus âgées ont-elles été exposées plus longtemps que les autres, notamment à des pesticides toxiques qui sont aujourd’hui interdits, comme les organochlorés. Par ailleurs, il est possible que le poids des facteurs environnementaux soit plus important après 75 ans, tandis que la susceptibilité génétique pourrait jouer un rôle plus important pour les cas survenant chez les plus jeunes ».

 

Un sur-risque possible mais modéré

Malgré la forte association mise en évidence dans cette étude, entre l’incidence de la maladie de Parkinson et l’importance de l’activité agricole, il est trop tôt pour affirmer que vivre dans une zone rurale augmente le risque de développer la maladie de Parkinson. « Il faut rester prudent sur l’interprétation de ces données, met en garde Alexis Elbaz. Un sur-risque modéré pourrait exister, mais il faudrait pouvoir le confirmer par des études conduites à partir de données individuelles et non pas, comme ici, de données groupées par canton« . Ce chercheur souligne l’importance d’évaluer les pesticides les plus à risque : « Les modes d’épandage, les produits utilisés et leur quantité dépendent des types d’activité agricole. On dispose souvent de données sur la toxicité aigüe des produits chimiques, mais celles concernant leur neurotoxicité font souvent défaut« , déplore-t-il. Un travail en ce sens permettrait d’écarter les composés les plus à risque pour la population d’agriculteurs, comme la population générale…

 

Source : Inserm

 

Publication : S Kab et coll. Agricultural activities and the incidence of Parkinson’s disease in the general French population. Eur J Epidemiol, édition en ligne du 9 février 2017. DOI 10.1007/s10654-017-0229

Photo : Jacques Zammit via VisualHunt / CC BY-NC-SA

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