Découverte d’un mécanisme biologique impliqué dans la perte de mémoire au cours du vieillissement

Des chercheurs de l’Institut de Médecine moléculaire au Portugal ont décrit un nouveau mécanisme biologique qui serait impliqué dans la perte de mémoire survenant au cours du vieillissement. Ces travaux ont été publiés dans la prestigieuse revue Molecular psychiatry.

 

La compréhension des processus impliqués dans la survenue de maladies ou de troubles du fonctionnement du cerveau est primordiale pour pouvoir un jour les traiter.

L’équipe de Luisa Lopez travaille sur les mécanismes biologiques ayant un rôle dans les troubles de la mémoire liés à l’âge. Cette équipe a démontré que chez des patients âgés, la protéine A2A (récepteur de l’adénosine et cible de la caféine dans le cerveau) est augmentée. Afin de compléter leurs travaux, les chercheurs ont analysé le cerveau de personnes âgées et ont observé que cette protéine est retrouvée spécifiquement dans les neurones et non pas dans d’autres cellules du cerveau.

Afin d’étudier l’impact de cette augmentation d’A2A, les chercheurs ont ensuite développé un modèle animal au sein duquel l’A2A est augmentée spécifiquement dans les neurones. Ce modèle a tout d’abord montré que l’augmentation de A2A dans les neurones suffit à induire des troubles de la mémoire liés à l’âge. En parallèle, les chercheurs ont pu observer que l’augmentation de A2A entraine une libération plus élevée du glutamate, neurotransmetteur crucial dans le cerveau. L’augmentation d’A2A n’est donc pas anodine car elle entraine des perturbations dans les mécanismes moléculaires. Les chercheurs ont ensuite voulu étudier si ces modifications biologiques peuvent bien être associés au vieillissement. Pour cela, ils ont mesuré les quantités de A2A et de glutamate chez des animaux âgés et ont observé une augmentation de ces protéines. Ce résultat démontre bien un lien entre le vieillissement, la production d’A2A et la libération de glutamate.

En conclusion, ces travaux ont démontré que des changements surviennent dans les circuits impliqués dans la mémoire ce qui entraine une réponse anormale de ces neurones libérant une quantité élevée de glutamate. Ces travaux ouvrent donc une piste pour le développement de thérapies qui pourrait agir sur ce mécanisme biologique. Etant donné que le récepteur A2A est le récepteur de la caféine dans le cerveau, les molécules candidates pour des pistes thérapeutiques font partie de la famille de la caféine. De plus, des travaux précédents ont montré une augmentation de la quantité de A2A chez des modèles animaux de la maladie de Parkinson, de la maladie d’Alzheimer et de la maladie d’Huntington. L’étude de ce récepteur A2A peut donc avoir des retentissements sur ces différentes maladies du cerveau, voire sur d’autres pour lesquelles surviennent des troubles de la mémoire.

 

Publication : Age-related shift in LTD is dependent on neuronal adenosine A2A receptors interplay with mGluR5 and NMDA receptors. Luisa Lopes et al. Molecular Psychiatry  2018
Photo : © Inserm/Guimond, Damien


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Section transversale d’hippocampe, région cérébrale du système nerveux central impliquée dans la mémoire.

© Inserm/Guimond, Damien

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