Journée Mondiale de la maladie d’Alzheimer : où en est la recherche ?

La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative entraînant des troubles cognitifs telle que la perte de mémoire. Elle touche à ce jour environ 900 000 personnes en France. Décrite pour la première fois il y a environ un siècle, la recherche a depuis permis de mieux comprendre les mécanismes et les causes de cette pathologie, même s’il reste encore un certain nombre d’interrogations. Au cours des années 80, des chercheurs ont identifié les composants biologiques impliqués dans la maladie : la protéine bêta-amyloïde et la protéine tau. Ces protéines s’accumulent de façon anormale dans le cerveau et vont ainsi mener à l’apparition de la maladie.

 

Des facteurs de risques identifiés

Dans de rares cas, certains gènes, ont été identifiés comme étant la cause directe de la maladie. Des mutations de ces gènes ont été observées au sein de certaines familles présentant une transmission de la maladie. Ces gènes sont responsables de formes familiales de maladie d’Alzheimer précoce (avant 60 ans). Il existe également plusieurs gènes de susceptibilité hors formes familiales. A ce jour une vingtaine ont été identifiés, dont le gène Apoε4. Ce sont des facteurs de risque, c’est-à-dire qu’ils ne causent pas à eux seuls la maladie, mais qu’en association avec d’autres facteurs de risque, dont des facteurs environnementaux, ils peuvent influer sur l’apparition de la maladie.

 

Notre mode de vie a un impact sur l’apparition de la maladie

D’autres études ont montré un rôle du mode de vie dans l’apparition de cette maladie. Les interactions sociales, les activités intellectuelles, la pratique d’une activité physique, une alimentation équilibrée sont autant de facteurs de protection du cerveau qui joueraient un rôle dans la qualité des fonctions cognitives. A contrario, l’absence de ces éléments consistent des facteurs de risque tout comme le diabète et une mauvaise santé cardio-vasculaire. Certaines études ont également exposé un lien entre la maladie d’Alzheimer et une infection virale. En effet, des chercheurs ont montré la présence du virus de l’Herpès dans des quantités plus élevées dans des cerveaux de patients qu’au sein de ceux d’individus non malades. Il reste à découvrir comment la présence de ce virus pourrait agir sur le développement de la maladie.

 

De grandes avancées dans le diagnostic de la maladie ?

Des tests ont été développés afin de pouvoir diagnostiquer la maladie et cela le plus tôt possible, pour pouvoir prendre en charge les patients précocement. Depuis 2007, des tests neuropsychologiques permettent une détection précoce des troubles de la mémoire en cas de maladie d’Alzheimer. L’imagerie cérébrale permet également d’effectuer des mesures de la structure du cerveau et de son métabolisme et ainsi révéler chez certains individus la présence de marqueurs de la maladie. Un autre test consiste en l’analyse du liquide céphalo-rachidien (liquide présent naturellement dans le système nerveux central qui est récupéré par ponction lombaire) afin de mesurer la présence des protéines impliquées dans la maladie (tau et bêta-amyloïde). Récemment, des chercheurs japonais et australiens ont développé un test sanguin, moins lourd qu’une ponction lombaire, pour diagnostiquer la maladie. Pour le moment, ce test permet uniquement de mesurer le taux de bêta-amyloïde mais pas celui de tau. Les travaux doivent continuer pour rendre ce test plus complet.

 

Des recherches toujours en cours pour trouver un médicament efficace

Il existe actuellement 4 médicaments disponibles sur le marché. Cependant, ces médicaments ne permettant pas de guérir de la maladie. D’autres molécules peuvent être prescrites pour traiter d’autres troubles associés à la maladie d’Alzheimer tels que le stress ou la dépression. En parallèle de ces traitements, une prise en charge non médicamenteuse est prescrite à travers par exemple des séances de kinésithérapie, d’ergothérapie, d’orthophonie.

Des pistes de recherche sont en cours afin d’agir directement sur les protéines impliquées dans la maladie d’Alzheimer. Cela consisterait à limiter la présence des deux formes de protéines anormalement accumulées. Les résultats préliminaires d’une étude en cours montrent qu’un dérivé de la caféine pourrait avoir des effets bénéfiques sur ces aspects. En parallèle, un essai clinique d’immunothérapie est actuellement en cours, la phase 2 ayant été réalisée. Cette étude consiste à administrer un anticorps qui va permettre d’éliminer les plaques amyloïdes. La phase 2 a démontré un effet de cette molécule entraînant une diminution des plaques amyloïdes et une amélioration clinique. Cependant, il faut attendre la phase 3 pour s’assurer que ces effets sont toujours présents sur un large panel de patients. Un autre essai clinique vient d’être lancé en France, consistant à administrer une molécule diminuant la production de la protéine bêta-amyloïde. Cet essai clinique est particulièrement innovant car il a pour objectif de tester l’effet du médicament de façon préventive chez des personnes porteuses d’un facteur génétique de susceptibilité.

D’autres axes de recherche se penchent sur la limitation de la neurodégénérescence en étudiant l’effet potentiel de facteurs neuroprotecteurs ou des cellules souches pour contrer la disparition de neurones abîmés.

 

La recherche a donc permis de mieux comprendre les mécanismes et les causes de la maladie d’Alzheimer. Mais malgré ces différentes avancées, il n’existe à ce jour aucun traitement permettant de guérir ni même d’arrêter l’avancée de la maladie. Il est donc primordial que la recherche puisse continuer à avancer pour espérer un jour pouvoir soigner cette pathologie.


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En bref

– À ce jour, une 20aine de gènes ont été identifiés comme étant des facteurs de risque pouvant influer sur l’apparition de la maladie

– Notre quotidien a un impact important sur l’apparition, ou non, de la maladie. Bien manger, faire du sport, avoir des interactions sociales et de activités intellectuelles sont autant de gardiens des fonctions cognitives.

– Plusieurs tests sont en cours d’étude afin de permettre de diagnostiquer la maladie avant l’arrivée des symptômes, à travers notamment la présence de certaines protéines dans le sang.

– Il n’existe pas encore de médicament permettant de guérir ou d’arrêter l’avancée de la maladie, mais des études sont actuellement en cours.

Cerveau sain vs. cerveau malade

©2018 Alzheimer’s Association. www.alz.org. All rights reserved. Illustrations by Stacy Jannis.

Une recherche transversale

La recherche sur la maladie d’Alzheimer peut également permettre des avancées pour d’autres pathologies. En effet, certains mécanismes biologiques peuvent avoir des similitudes entre plusieurs maladies. De plus, la mise au point de certaines méthodes d’analyse et de pistes thérapeutiques pourraient être extrapolées à d’autres maladies neurodégénératives telles que la démence à corps de Lewy, les dégénérescences fronto-temporales ou les aphasies primaires progressives.

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