L’impact du confinement sur la santé mentale

Réduction des interactions sociales, baisse d’activité physique, augmentation du stress, ennui, frustration, perte de liberté…sont autant de causes potentiellement néfastes pour notre cerveau. Confiner la population pendant plusieurs semaines est en effet loin d’être anodin pour notre santé physique et mentale. Depuis le début de la crise sanitaire inédite liée à la pandémie du COVID-19, des chercheurs s’intéressent à comprendre quel pourrait être l’impact du confinement sur la santé mentale.

 

  • De nombreux facteurs de stress relevés

Afin d’établir rapidement l’impact psychologique que pourrait avoir le confinement sur la population, et proposer des mesures de prévention, une équipe de chercheurs du King’s College London au Royaume-Uni a analysé les résultats de 24 études scientifiques (on parle de méta-analyse). Celles-ci portaient sur les effets psychologiques de la mise en quarantaine dans une dizaine de pays différents touchés par une épidémie comme le Sars, Ebola, la grippe H1N1 ou le Mers-CoV. Leurs résultats ont été publiés le 14 mars 2020 dans la célèbre revue médicale The Lancet1.

Suite à cette méta-analyse, les chercheurs anglais ont fait état de nombreux facteurs de stress. Ils relèvent tout d’abord que des durées de quarantaine plus longues, notamment supérieures à 10 jours, étaient associées à une affection plus importante de la santé mentale, en particulier des symptômes de stress post-traumatiques et des comportements d’évitement et de colère. La peur d’être infecté ou de transmettre le virus à sa famille était également présente chez de nombreux participants, ainsi que la peur de manquer de fournitures de base suffisantes (nourriture, eau, médicaments). La perte de la routine habituelle et la réduction des contacts sociaux et physiques se sont souvent avérés être à l’origine d’un ennui, d’une frustration et d’un sentiment d’isolement chez les personnes interrogées. Le manque d’information de la part des autorités de santé publique, l’absence de clarté sur les mesures à prendre et le manque de transparence sur la sévérité de la pandémie ont été cités parmi les sources de stress chez de nombreux participants. Enfin, la perte financière résultant de la quarantaine a créé une détresse socio-économique et s’est révélée être un facteur de risque de troubles psychologiques, de colère et d’anxiété plusieurs mois après la quarantaine.

Ces études montrent également que les personnes souffrant de troubles psychiatriques ainsi que celles travaillant dans le domaine de la santé sont les plus vulnérables et méritent une attention particulière. Notamment, le fait d’avoir des antécédents de maladie psychiatrique a été associé à de l’anxiété et de la colère encore 4 à 6 mois après la sortie de la quarantaine. Du côté des travailleurs de la santé, ils se sont sentis plus stigmatisés que le grand public et ont été systématiquement plus affectés psychologiquement.

Il est cependant important de noter que toutes ces données ont été rapportées suite à des situations de quarantaine, et non de confinement long à l’échelle d’une population entière comme aujourd’hui avec le COVID-19. Il est donc possible que l’impact soit différent entre ces deux situations. Dans l’ensemble, les chercheurs concluent que malgré l’impact psychologique négatif observé, le confinement reste justifié dans certaines situations épidémiques car les effets psychologiques de la non mise en quarantaine et de la propagation de la maladie pourraient être bien pires.

 

  • Des enquêtes en ligne pour suivre l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant et après le confinement

La recherche médicale bat son plein dans le monde afin d’identifier des traitements efficaces contre le COVID-19, mais il est tout aussi essentiel de comprendre et d’analyser l’impact du confinement, à court et moyen terme, sur la société. Ainsi, plusieurs organismes ont lancé des enquêtes en ligne, réalisées sous forme de questionnaire et destinées à toute la population. Par exemple, une vaste enquête internationale nommée COH-FIT2 (Collaborative Outcomes study on Health and Functioning during Infection Times) a été lancée dans plus de 40 pays touchés par la pandémie du COVID-19 et a été officiellement soutenue par de nombreuses sociétés scientifiques. Ce projet a pour but d’évaluer l’impact de l’épidémie sur la santé physique et mentale des individus, afin d’identifier des facteurs de risque et de protection pouvant contribuer à la création de stratégies de prévention et de recommandations pour mieux lutter contre le COVID-19 et d’autres éventuelles pandémies à venir. Une autre enquête, CovidPrev3, a été lancée par Santé Publique France. Elle vise à suivre l’évolution des comportements (gestes barrières, confinement, consommation d’alcool et de tabac, alimentation et activité physique) et de la santé mentale (bien-être, troubles psychiques). Les résultats de ces études sont attendus pour mieux comprendre les conséquences du confinement sur notre bien-être.

 

  • Les associations de patients mobilisées

Durant cette période de confinement, les personnes souffrant de troubles psychiatriques sont particulièrement vulnérables. Les associations françaises de soutien aux familles concernées par des troubles psychiques se sont donc particulièrement mobilisées pour être aux côtés de ces personnes en détresse qui méritent une attention particulière. C’est le cas de l’UNAFAM, association membre de la FRC, qui a dans l’urgence de cette pandémie renforcé son accueil téléphonique en mettant en place des cellules d’écoute et de soutien particulières pendant cette période. Tous les dispositifs d’aide de l’UNAFAM et autres informations utiles sont disponibles en cliquant ici.

Sources :

1 The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence. Brooks et al., The Lancet, 14 mars 2020.

2 Site internet coh-fit.com

3Site internet santepubliquefrance.fr : Article « Covid-19 : une enquête pour suivre l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant le confinement ». Mis à jour le 14 mai 2020.

 

Rédaction : Céline Petitgas, chargée des actions scientifiques de la FRC.

 

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