Nouveau modèle expérimental de schizophrénie pour mieux comprendre et traiter les patients

Porteur de projet : Dr Valentine Bouet, Groupe Mémoire et Plasticité comportementale de l’Université de Caen Normandie

Titre du projet : « Validation pharmacologique d’un modèle animal innovant de schizophrénie alliant susceptibilité génétique, perturbations environnementales précoces et tardives »

Subvention attribuée par la FRC en 2016 : 30 000 €

Projet sélectionné par le Conseil scientifique de l’UNAFAM

 

Description du projet

La schizophrénie est une pathologie psychiatrique très complexe pour laquelle il n’existe pas de traitement efficace sur l’ensemble des symptômes qui la composent. La recherche de nouveaux traitements passe nécessairement par des expérimentations chez l’animal. Cependant les modèles animaux actuels de schizophrénie sont loin d’être satisfaisants car ils ne sont pas construits sur la base de ce que l’on connaît chez l’Homme, à savoir la présence de plusieurs facteurs de risques, combinés entre eux.

Ce projet vise à valider le nouveau modèle que l’équipe du Dr. Valentine Bouet a mis au point chez la souris et qui regroupe une altération génétique, un stress post-natal précoce et une exposition au cannabis durant l’adolescence. La combinaison de ces trois facteurs entraîne des modifications du comportement des animaux et de la structure de leur cerveau qui sont proches de celles que l’on retrouve chez le patient souffrant de schizophrénie.

Ce projet consistera à valider ce modèle d’un point de vue pharmacologique, c’est-à-dire à mesurer l’efficacité de traitements pharmacologiques sur les troubles observés. Ceci constitue la dernière étape permettant de prouver scientifiquement la valeur de ce nouveau modèle.

 

Les premiers résultats

Une première partie des résultats de ce projet de recherche a été acceptée pour publication dans le journal Schizophrenia Research le 23 novembre 2020.

Les chercheurs sont parvenus à valider une première partie de leur nouveau modèle d’étude permettant de mieux comprendre la schizophrénie. Ce nouveau modèle combine, comme décrit précédemment, une prédisposition génétique à un stress post-natal précoce (séparation maternelle de 24 heures au 9ème jour après accouchement) et une exposition tardive aux cannabis durant l’adolescence. Ces souris présentent notamment :

  • des déficits de mémoire spatiale et de mémoire de travail
  • une diminution de l’activité motrice spontanée
  • une augmentation de l’anxiété
  • une réduction des interactions sociales
  • une diminution du volume de l’hippocampe (une région notamment impliquée dans les processus de mémoire et d’apprentissage)
  • une altération de l’intégrité de certaines fibres neuronales

Ces résultats montrent que ce nouveau modèle présente plusieurs points de repère imitant les symptômes négatifs (diminution de l’activité, augmentation du stress et de l’anxiété, retrait social) et cognitifs (troubles de la mémoire) observés dans la schizophrénie, ce qui lui confère une grande pertinence pour la recherche de nouveaux traitements. En outre, ce modèle possède une forte validité de construction car il correspond à l’hypothèse de l’interaction entre gène et environnement comme cause possible de la schizophrénie.

Les chercheurs ont d’ailleurs observé qu’en comparaison, les souris associant seulement des stress environnementaux (séparation maternelle et exposition tardive aux cannabis) présentaient des déficits beaucoup moins importants. Ils pourraient cependant être utiles pour la recherche sur d’autres formes de maladies psychiatriques.

 

« Ces travaux ont pu être réalisés grâce au soutien de la FRC et de l’UNAFAM en 2016 et nous vous en remercions très sincèrement. Si tout se passe comme prévu, une seconde publication devrait suivre avec la suite de nos travaux de recherche sur la validation de ce nouveau modèle » – Dr. Valentine BOUET

 

Publication

A new 3-hit mouse model of schizophrenia built on genetic, early and late factors. Bouet et al., Schizophrenia Research 2020.

 

 

 

Crédit photo : Inserm/Delapierre, Patrick
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Le Dr. Valentine Bouet est maître de conférences en pharmacologie à l’Université de Caen Normandie et fait partie de l’équipe de recherche du Groupe Mémoire et Plasticité comportementale.

Le centre de recherche

A l’aide de modèles expérimentaux, le Groupe Mémoire et Plasticité comportementale (GMPc) de l’Université de Caen cherche à mieux comprendre les bases neurologiques et comportementales ainsi que les processus adaptatifs de la construction mnésique. Cette approche se fait par la mise au point de nouveaux outils comportementaux, l’identification des réseaux neuronaux impliqués dans ces processus, et l’étude de la plasticité comportementale.

Le laboratoire s’intéresse plus particulièrement à l’implication du système sérotoninergique (lié à la sérotonine) dans la modulation des processus d’apprentissage et de mémoire. Ceci est réalisé à la fois en conditions physiologiques et physiopathologiques (vieillissement, maladies neurodégénératives et maladies psychiatriques) avec pour objectif d’identifier et de valider de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles dans ces domaines.

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