La dépression induite par des événements stressants : identification de biomarqueurs

Mise à jour de la page : le 14/12/2022

 

Porteur du projet : Christel BECKER – Unité T3S – Université Paris Descartes

Titre du projet : Biomarqueurs et mécanismes de la vulnérabilité induite par des événements de vie passés stressants

Subvention attribuée par la FRC en 2019 : 80 000€

 

« Je tiens à remercier très chaleureusement la FRC et ses donateurs pour le soutien apporté à ce projet d’identification des sujets à risque de développer des maladies psychiatriques. Ce sujet me tient à cœur depuis de nombreuses années, et encore plus actuellement eu égard à la recrudescence d’évènements de vie stressants majeurs (attentats, conditions de travail…). Ce financement nous a permis d’avancer dans l’identification de marqueurs biologiques et des mécanismes mis en jeu pouvant déboucher à terme sur des approches thérapeutiques innovantes » – Christel Becker

 

Descriptif du projet

Dans notre société, les conditions de vie sont génératrices d’un nombre croissant d’évènements stressants (conditions de travail, précarité, accidents, attentats, etc…) pouvant favoriser le développement ultérieur de maladies psychiatriques. Ces évènements de vie peuvent laisser des traces durables dans le cerveau de certains individus les rendant vulnérables au déclenchement d’une pathologie suite à la survenue d’un stress anodin. Cette vulnérabilité peut alors se traduire par le déclenchement d’une dépression qui, lorsqu’elle est associée à une autre maladie (comorbidité), complique la prise en charge de cette dernière. L’équipe de Christel Becker a précédemment identifié un biomarqueur de vulnérabilité à la dépression : le BDNF. Une diminution persistante des taux sanguins de BDNF reflète une vulnérabilité à la dépression, et cela s’accompagne d’un état de stress oxydant dans certaines régions du cerveau. Les mécanismes précis restent à élucider.

Le projet de Christel Becker vise à identifier précocement à l’aide de biomarqueurs les sujets vulnérables, à risque de développer des pathologies dépressives, et à identifier les mécanismes sous-tendant ces états dits de sensibilisation au stress. L’équipe recherchera également d’autres marqueurs biologiques de la vulnérabilité à la dépression. Cette étude réalisée chez le rat utilisera des enregistrements d’électroencéphalographie afin de déterminer si les sujets à risque présentent une modification de l’architecture des phases de sommeil et si une dette de sommeil peut contribuer à une augmentation du stress oxydant. Ensuite, ils tenteront d’identifier les mécanismes impliqués dans le contrôle du stress oxydant par le BDNF.

Cette approche constitue un enjeu de santé public majeur puisqu’elle permettrait une prise en charge précoce des patients et de proposer de nouvelles approches thérapeutiques visant à traiter efficacement la survenue de la dépression et/ou les comorbidités accompagnant certaines maladies neurologiques comme l’épilepsie.

 

Les premiers résultats

Les travaux préliminaires des chercheurs avaient établi :

  1. qu’une diminution des taux sanguins de BDNF constitue un marqueur biologique de la vulnérabilité à la dépression, identifiant les sujets restés sensibilisés à la suite d’un évènement de vie stressant ;
  2. que la baisse des taux de BDNF est responsable d’un état de stress oxydant qui, s’il est corrigé, efface l’état de vulnérabilité.

Au cours de ce projet, les chercheurs ont découvert un tout nouveau mécanisme ignoré jusqu’à présent puisque l’effet antioxydant du BDNF est indépendant de ses récepteurs. Cette protéine, grâce à une séquence spécifique traverse librement la membrane des cellules et interagit dans le cytoplasme (le milieu à l’intérieur de la cellule, entre la membrane et le noyau) avec une autre protéine responsable de la synthèse d’enzymes antioxydantes. Par ailleurs, l’équipe a montré que la vulnérabilité de la dépression se caractérise par une modification de l’architecture du sommeil se traduisant en une « dette de sommeil ».

 

Les publications

Ces études ont conduit à la rédaction de 2 articles tous deux actuellement soumis à publication :

  • Biomarkers for stress induced Vulnerability to Depression. Claverie et al., Sleep.
  • Control of the KEAP1-NRF2 cytoprotective system by BDNF unravels receptor-independent pathways for growth factors. Fath et al., Sciences Advances. Version preprint sur BioRxiv.

 

Le centre de recherche

L’équipe porteuse du projet se trouve au sein de l’unité T3S « Toxicité Environnementale, Cibles Thérapeutiques, Signalisation Cellulaire » dirigée par le Pr. Robert Barouki, à l’Université Paris Descartes. Cette unité est composée de 8 équipes et a pour thématiques la toxicité environnementale, les cibles thérapeutiques, la signalisation cellulaire et les biomarqueurs.

Christel Becker est maître de conférences à l’Université Paris Descartes. Elle fait partie de l’équipe « Myélinisation et Pathologies du Système Nerveux » de l’unité T3S, et s’intéresse particulièrement aux effets de la sensibilisation au stress dans le développement des troubles dépressifs et des comorbidités dépressives/cognitives dans les pathologies neurologiques. Ce projet sera réalisé en collaboration avec l’équipe de Christophe Bernard au sein de l’institut de Neurosciences des Systèmes à Marseille.

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